Douarnenez 2010

8 adhérents de l’association Défi du Traict ont tenté de rejoindre les fêtes maritimes de Douarnenez en 5 jours depuis Mesquer (Presqu’île Guérandaise) par la mer en Yole de Bantry en totale autonomie. Compte tenu des vents peu favorables (majoritairement ouest et nord-ouest), le périple s’arrêtera à l’embouchure de la rivière de Belon. Une expérience mémorable pour tout l’équipage !

L’idée initiale

Tout part d’une réunion de conseil d’administration en début d’année ou nous décidons des manifestations auxquelles nous allons participer. Comme un seul adhérent dispose du permis E, indispensable pour la remorque de la Yole, nous l’interrogeons sur sa disponibilité pour les fêtes maritimes de Douarnenez. Une blague est lancée : si Fred n’est pas disponible, tant pis, on y va par la mer ! Il n’en faudra pas plus pour que l’idée commence à germée et que ce projet se mette en place.

Logistique à terre

Un véhicule avec la remorque de la Yole est laissé à Bénodet (objectif plus réaliste compte tenu des prévisions météo), une autre voiture à Douarnenez (au cas ou). Une personne est disponible pour nous retrouver avec un véhicule si besoin sur le trajet. Nous prévenons tous les soirs amis et/ou épouses de notre lieu de bivouac et du programme du lendemain.

L’aménagement du bateau

Un des challenges de cette expédition est de pouvoir ranger à bord de la Yole les affaires personnelles pour 8 équipiers, la nourriture pour 2 jours (32 repas !), 70 litres d’eau et divers matériels (brûleur et bombonne de gaz de 3 kg, casseroles, popotes et autre ustensile de cuisine, matériel de pêche, etc.). Après avoir essayé plusieurs configurations, nous restons sur la disposition suivante :

EN VERT : La consigne était d’un sac étanche par personne pour les affaires personnelles, duvet et matelas inclus. Les sacs sont placés au centre entre le 1er et le 3e banc et entre le 5e et 7e de manière à laisser libre l’espace autour des mâts. Ils sont assurés avec un bout qui passe sous le plancher.
EN BLEU :
4 curvers pour la nourriture, placés sous les bancs des supports de mâts et recouvert d’une bâche PVC. Surtout à la misaine qui a été bien arrosée lors des nombreux bords au près par force 4 / 5.
EN ROUGE :
La bombonne de gaz, les jerricans d’eau (2 x 10 l), divers sacs étanches avec les ustensiles de cuisines, etc. Tous amarrés avec des tendeurs.
EN JAUNE :
Matériel divers.

Les bouteilles d’eau sont rangées sous le plancher.

La carte…

Le Voyage

Nous sommes tous conscients que la météo décidera de notre itinéraire mais dans l’idéal les étapes sont Hoédic ou Belle-ïle – Groix – Les Glénans – Sein et Arrivée à Douarnenez mercredi ou jeudi soir.

Samedi 17 juillet (Mesquer – Pénerf)

Objectif initial : Hoédic ou Belle-Île
Heure départ : 9 h 00 début du chargement de la Yole – 10 h 30 départ effectif.
Météo : Beau temps – Vent d’ouest force 3/4
Après le rangement de tout le matériel suivi de quelques coups de rames pour sortir du traict de Mesquer, les voiles sont hissées. Petite halte à l’île Dumet vers 16 heures pour une pause baignade et essayé de retrouver le mouillage perdu une semaine plus tôt (câblot coupé par l’hélice un plaisancier qui a eu la bonne idée de mouiller juste devant nous). Il ne sera pas possible d’atteindre Hoédic ce soir cap est donc mis sur la côte. Arrivée dans la rivière de Pénerf, passage à l’aviron et nous nous rendons vite compte que 7 rameurs sont vraiment très justes quand il y a un peu de courant. Nous remontons la rivière assez loin pour trouver un peu de sable ou passer le premier bivouac.

Dimanche 18 juillet (Pénerf – Belle-ïle)

Objectif initial : Belle-Île
Heure départ : 3 h 00
Météo : Beau temps – Vent d’est/sud-est puis Ouest fin de journée – force 2/3
Marrée basse à 4 h 30, il faut donc partir avant pour avoir le courant avec nous. Un coup d’œil sur la Yole vers 2 h 30 et nous nous rendons compte qu’elle sera bientôt échouée. Il ne faut pas perdre de temps et nous sommes à bord ½ heure avant l’heure prévue après avoir traversé l’estran avec de la vase jusqu’aux genoux et pas mal de coupures aux pieds (coquilles d’huîtres dans la vase). Sortie de la rivière à l’aviron et à la frontale sous un ciel étoilé. Les voiles sont hissées en même temps qu’apparaissent les premières lueurs du jour. Le vent est encore très faible, voir inexistant mais il forcira progressivement et comme annoncé la veille, il vient de l’est. Nous passons entre Houat et Hoédic en fin de matinée et atteignons Belle-Île dans l’après-midi à côté de la pointe du Bugule ou nous débarquons dans une petite crique charmante. Installation du campement et premier repas chaud bien apprécié.

Lundi 19 juillet (Belle-ïle – Étel)

Objectif initial : Île de Groix
Heure départ : 8 h 00
Météo : Beau temps – Vent est / Sud-est le matin et Ouest / Nord-Ouest l’après-midi force 1/2
Après une halte pour le ravitaillement au Palais, nous avons du mal à passer la pointe des Poulains, peu de vent et encore dans le nez ! Le vent Nord-ouest de l’après-midi ne nous permettra pas d’atteindre Groix et nous mettons le cap sur Étel. Arrivée tardive sur une première plage, mais les rouleaux nous dissuadent et nous cherchons une autre plage plus abritée. La nuit tombe et nous préparons le repas à la frontale.

Mardi 20 juillet (Étel – Île de Groix)

Objectif initial : Île de Groix
Heure départ : 8 h 00
Météo : Nuageux et pluie en fin de journée – Vent Ouest force 3/4
Réveil et douche vivifiante sur la plage d’Étel (Eau douce mais froide !) et petit-déjeuner, sans trop tarder car la yole est posée sur le sable et commence à être un peu secouée par le ressac.
En effet, une des lignes de mouillage est un peu légère et avec les vagues nous avons préféré mouiller la yole parallèle à la plage pour plus de sécurité.
On se synchronise avec les vagues et en poussant la yole, elle se décolle enfin, tout le monde saute dedans et c’est le départ.
De nouveau cap sur l’île de Groix, belle mer, bon vent, super moral après la très bonne nuit passée.
Pêche à la traîne et repas du soir est assuré : 8 beaux maquereaux !
Groix est en vue, nous cherchons un endroit stratégique et nous arrêtons notre choix sur la plage de “Mélite”. Là, un zodiac nous assure la navette pour décharger nos affaires et nous sentons les premières gouttes depuis le début du voyage.
Nous changeons finalement de plage car la première est trop fréquentée malgré le début de soirée et la pluie qui s’annonce.
Un abri est improvisé avec la voile de taille vent, la vergue est accrochée en hauteur à flanc de falaise, les points d’écoute et d’amure sont surélevés avec 2 gaffes et maintenu en tension avec les aussières.
Ravitaillement au supermarché local, barbecue (maquereaux et pommes de terre cuites dans la braise, un régal !)
Nous avons un message de la police municipale de Bénodet qui s’interroge sur la présence depuis plusieurs jours d’un camion avec une « grande » remorque sur le parking d’un stade. Ce lieu indiqué par la capitainerie du port, mais sur place nous avons trouvé personne et laissé un message dans la boîte au lettre du gardien. Il est trop tard pour rappeler, on verra ça demain.
À savoir qu’une voile de Yole abrite confortablement 5 personnes et un peu de matériel, bien serré, on aurait pu tenir à 7 ou 8. Comme la pluie a cessé, finalement les 3 plus téméraire dormiront dehors…

Mercredi 21 juillet (Île de Groix – rivière de Belon)

Objectif initial : Bénodet
Heure départ : 9 h 00
Météo : Beau temps – vent d’ouest force 4 / 5
Le soleil est de retour, départ à l’aviron pour essayer de trouver le vent sud-ouest annoncé. Les voiles sont hissées, le vent reste d’ouest et on enchaîne les virements de bords pour essayer de dépasser l’Île de groix.
Les voiles sont réduites au fur et à mesure que le vent se lève pour finir à 2 ris à la mise et au taille vent en fin de journée.
En milieu d’après midi, nous abandonnons l’objectif de Bénodet pour mettre le cap vers la rivière de Belon.
Toute la journée se fera au près serré (du moins, au maximum de ce que permet la yole), environ 50 miles pour un trajet linéaire de 18 miles. Le brigadier avant est bien rincé !
En route, les dauphins nous font la surprise de nous escorter et de jouer avec nous, au moins à trois reprises, ils sautent, passent sous la coque, surfent dans les vagues, nous avons tous des yeux d’enfants à les regarder.
Nous sommes dépassés par Pen-Duick I qui semble filer droit vers les Glénans, lui n’a pas de soucis pour avancer au près serré !
Nous rentrons enfin dans la rivière de Belon au portant, le taille vent est affalé, 2 bandes de ris sur la misaine et nous sommes à 5 nœuds. Nous croisons un bateau école des Glénans échoué au mieux de la rivière. Quelques manœuvres entre les bateaux dans le port du Belon et nous accostons enfin.
Annick et Philippe, nous accueillent chaleureusement (nous les avions prévenus seulement quelques heures avant de notre étape improvisée chez eux).
Deux équipiers partent récupérer les 2 véhicules à Bénodet. Finalement, la mairie était bien au courant du séjour de notre remorque et à prévenue la gendarmerie.
Le reste de l’équipage décharge le matériel sur le quai. Nous sommes amusés de la sensation de place et d’espace que nous procure la Yole vide !
Le traditionnel apéro de fin de journée est pris sur le quai, arrivée de la remorque et la Yole est sortie de l’eau.
Nous passons la nuit chez nos hôtes, demain matin, départ en voiture pour Douarnenez. Fin de la première partie de l’aventure, demain une autre commence !

En conclusion

Comme dit au début, ce voyage fut une excellente aventure.
Au départ, il n’y a eu aucune répartition des postes (excepté, bien sûr, pour les 2 chefs de bord), spontanément chacun a gardé sa place initiale (chefs de mâts, brigadier et équipiers de misaine et taille vent). Du coup, au fil des jours, l’équipage est devenu de plus en plus compétent au point d’anticiper les ordres du chef de bord lors des virements.
De même pour le rangement du matériel à bord, l’optimisation s’est faite au fil du temps et de plus d’une heure pour le premier jour, le chargement se faisait en une dizaine de minutes à la fin.
Cette première expédition devrait donner suite à d’autres aventures, on parle déjà d’un Brest – Mesquer par les îles (avec le vent dans le dos cette fois !), le fait de n’avoir pas atteint les Glénans fut, je crois, la plus grande déception du voyage !

Jean-Christophe, dit « Jean Mouillage » , Brigadier avant, Août 2010

Quelques photos de la manifestation

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